Nous rencontrons Redouane au Lieu Accueil Parent. Il nous raconte ce que habiter peut signifier pour lui quand il a eu besoin pendant quelques mois de loger dans sa voiture.
C'est devant la fenêtre d'Antoine, place Chardonnet, que nous croisons Sabrina. Nous sommes entrain de parler d'hospitalité.
« Il y avait un roumain qui a dormi un moment sur cette place. Il était avec son fils. On l'aidait pour ces papiers. On lui a donné nos codes wifi pour qu’ils puissent se connecter et puis ils pouvaient venir ici pour se brancher sur nos prises électriques. Il venait recharger sa Nintendo. Maintenant il a un appartement à la Part Dieu. Il y a eu aussi un autre monsieur qui venait le soir, mais on sentait bien qu'il ne voulait pas qu'on voit qu'il dormait dans sa voiture. Il y a quand même souvent du monde qui dort ici ! »
« La limite de la ville est l’objet d’un rituel à l’origine duquel on découvre l’intentionnalité de celui qui exerce l’autorité, le pouvoir : c’est le regere fines, tracer en ligne droite les frontières. Cet acte, préliminaire à toute construction de ville, est un acte non seulement matériel mais aussi immatériel, en ce sens que, dans le même temps où le roi trace le sillon qui marquera la limite de la ville, il instaure aussi un ordre moral. La notion est double donc puisqu’elle se réfère à une matérialité - la limite - et à une règle morale - la norme - qui définissent avec une grande précision une intériorité et une extériorité » René Schérer
Depuis la rue Alsace Lorraine, le local où nous avions rendez-vous est très visible. Un écriteau « lieu Accueil Parent » indique la porte derrière laquelle ont lieu les permanences. Nous entrons. Dans un local d'une cinquantaine de mètres carré, autour d'une table sur laquelle on trouve du café, du thé, des papillotes, environ une dizaine de parents d'élèves conversent entre eux et avec un instituteur, le directeur de l'école primaire, la directrice de l'école maternelle et l'animatrice du lieu, Valérie
Laverie, cabane de chantier, porte fermée sur le passé, voici quelques lieux où la conversation pourrait avoir lieue. Elle a eu lieu hier, avec une italienne ne trouvant plus le mot pour traduire amande. Elle a eu lieu avec l'un des peintres du chantier en cours rue des tables claudiennes, précisant qu'il manque à la question, le sourire autant que la chaux. Elle a également eu lieu avec Sabrina, pour qui la place Chardonnet est l'exemple de l'hospitalité ; fontaine, toilettes, possibilité de se garer, c'est le minimum nécessaire pour vivre.
Nous avons dérivé rue Burdeau, rue des tables claudiennes, rue Imbert Colomes, et dans leurs perpendiculaires. Nous avons découvert le monde en bouche, Ibiza, le bistrot Chardonnet. Nous avons alors rencontré le directeur de la clé de voute, Laurent, Thierry, Émilie, Kamel et Antoine. De ces premières rencontres dans les pentes, et pour démarrer, quelques mots ont résonné.
« Collomb voudrait que sa ville soit connu à l'international et il fait des gros évènements pour ça, mais il ne voit pas que c'est déjà le cas. Lyon est au cœur d'un réseau local, national et international. Toutes les migrations passent par Lyon. Chez les pauvres, tout le monde connait Lyon ! » Nicolas Molle
Dans notre volonté de représenter l'hospitalité, nous rencontrons Nicolas, un ancien de l'ALPIL, avec qui il sera davantage question d'inhospitalité.
« L'inconvénient en France, c'est qu'on fait beaucoup trop de listes, listes de ceux qui pourront accéder à un programme de réinsertion, liste de ceux qui arrivent, de ceux qui sont là depuis longtemps, etc. Comment faire ces listes, sans penser à ce que ça implique, sans penser au passé ?!